Est-il possible de relever de quelques degrés la température de conservation des produits surgelés ? L’INRAE travaille, entre autres, sur le sujet.

Mais qu’est ce qui peut bien occuper actuellement les équipes de l’institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) ? À l’occasion d’un point presse en janvier, introduit par Philippe Mauguin, président-directeur général d’INRAE, des experts dans différents domaines ont présenté quelques-uns de leurs travaux et derniers résultats présents ou à venir.

Laurence Fournaison, directrice de recherche en énergétique, et spécialiste du « Froid » a exposé un certain nombre de dossiers en cours dans ce domaine. Ils s’inscrivent dans la perspective de réduction de la consommation d’énergie dans tous les secteurs, sur l’ensemble de la chaîne alimentaire. La spécialiste rappelant en préambule que dans les pays industrialisés, 20 % de la conso énergétique serait aujourd’hui dédiée au froid. « Nos études terrain ont mis en évidence que dans la chaîne du froid, le maillon faible c’est le meuble frigorifique de vente et le réfrigérateur domestique, où les températures réglementaires ne sont pas toujours atteintes. Nous nous sommes donc penchés sur ce maillon pour réfléchir sur des solutions possibles d’économie d’énergie », résume la scientifique. L’institut travaille ainsi dans le cadre du programme européen Enough, sur le stockage de froid à l’aide de matériaux à changement de phase dans les meubles frigorifiques de vente. L’emploi de cette technologie vise à pouvoir répondre à de possibles coupures d’électricité ou de besoin d’effacement d’équipement en cas de problème d’approvisionnement électrique. Les premiers travaux montrent que la technologie permet de gagner une heure sur une remontée en température de 1 °C (versus un meuble non équipé) tout en économisant 10 % d’électricité. D’ici la fin de cette année, l’INRAE devrait aussi fournir des données (sous forme d’abaques) concernant par exemple l’incidence d’une remontée des températures de conteneurs de produits surgelés afin de vérifier leur possible consommation.

Étudier une remontée de 1 à 2 °C

Autre sujet d’étude, les conséquences d’une remontée des températures de 1 à 2 °C dans les meubles de vente de produits surgelés, ceci en vérifiant également la non-altération des produits stockés. Laurence Fournaison précise que ces sujets d’étude intéressent des constructeurs de meubles, sans toutefois les citer. Enfin, la directrice de recherche insiste sur l’importance de ces recherches, rappelant que la consommation d’électricité risque d’aller crescendo avec l’accélération du réchauffement climatique. « Il faut garder en tête qu’une augmentation de 3 degrés environ se traduira par une surconsommation d’environ 10 % d’un système de réfrigération ». Tous ces travaux et bien d’autres sont à retrouver sur le site de l’INRAE.

À noter que ces recherches ne sont toutefois pas en lien avec celles menées de son côté par Unilever. Le groupe international a en effet annoncé l’été dernier le lancement de plusieurs projets pilotes pour remonter la température des meubles de vente de crème glacé. Objectif annoncé : réduire la consommation d'énergie et les émissions de gaz à effet de serre d'environ 20 à 30 %, en démontrant la faisabilité de faire fonctionner des meubles et armoires de crème glacée à des températures plus élevées. En l'occurrence -12 °C.