© Le Monde du Surgelé - 2023
Difficile de fidéliser les équipes évoluant en chambre froide négative, qu’il s’agisse des préparateurs en zone picking ou des conducteurs de chariots élévateurs. La morsure du grand froid génère absentéisme et départs anticipés. Pourtant, le respect de certaines règles, dans le port des vêtements de protection, permet de garantir un confort optimal pour les équipes.

Parmi les professionnels que j’ai eu l’occasion de rencontrer, Chloé Bencib, directrice commerciale de la société Le Vêtement du Froid, spécialiste en EPI (Équipements de Protection Individuelle) pour la distribution et l’industrie agroalimentaire, constate que les collaborateurs travaillant en chambre négative ne résistent généralement pas longtemps dans ces conditions difficiles. Car ils ont tout simplement trop froid, en dépit des équipements fournis par leur employeur. La professionnelle évoque le coût masqué pour les entreprises de l’absentéisme et des départs anticipés qui sont générés par une mauvaise utilisation des EPI. Principale raison : un manque fréquent d’information de la profession sur les conditions que doit remplir un vêtement professionnel pour être pleinement efficace dans le grand froid.

L’humidité, ennemi numéro 1

Certes, la veste et le pantalon ou la combinaison jouent bien évidemment un rôle clé, apportant confort, sécurité passive grâce à une visibilité de loin et bien sûr une protection contre le froid, mais encore faut-il que les autres vêtements portés soient bien adaptés, un principe qui est loin d’être appliqué à la lettre, confirme la professionnelle : « Lors de l’accompagnement des clients sur le terrain, je constate trop souvent que les préparateurs portent leurs vêtements personnels sous la tenue fournie par leur employeur. Un empilage de pulls, polaires et autres maillots de corps qui ont pour conséquence de mal gérer la transpiration émise lors des efforts ». Conséquence, l’humidité n’est pas évacuée et la sensation de froid arrive, quelle que soit la qualité isolante de la tenue de travail fournie. Or lorsqu’on travaille dans le froid industriel, il est primordial de bien réguler la transpiration due à l'effort.

Dans ces conditions extrême, l’humidité étant l’ennemi numéro 1 des collaborateurs, la spécialiste rappelle qu'on doit considérer la protection des préparateurs dans sa globalité, et de ne pas leur déléguer la fourniture des sous-couches de vêtements situées au plus près du corps.

La règle d’or des 3 couches

Dans ce sens, Chloé Bencib préconise aux collaborateurs de laisser leurs pulls, T-shirts et polaires à la maison, et à leur encadrement d’investir dans la fourniture de 2 couches supplémentaires, au-delà des vestes pantalons et combinaisons. Elle illustre son propos en présentant le système des 3 couches qui doit composer un équipement de protection pour apporter la meilleure réponse à la régulation du corps afin de rester au sec et au chaud à n’importe quel poste.

1 Une couche interne pour évacuer la transpiration

« Oubliez les T-Shirt en coton, long à sécher et très absorbants ! Lorsque vous travaillez la température de votre corps augmente et transpire. Le but est d’évacuer toute cette vapeur d’eau vers l’extérieur pour ne pas ressentir la désagréable sensation de froid. Adoptez des sous-vêtements thermiques hydrophobes : ils n’absorbent pas l’eau et permettent à votre corps de réguler sa température sans ressentir le froid. »

2 Une couche intermédiaire pour conserver la chaleur

« La chaleur produite par votre corps doit être emprisonnée pour que cette couche vous protège efficacement du froid. Le pouvoir isolant d’un vêtement se trouve dans sa capacité à enfermer l’air dans les fibres et plus cette quantité d’air est importante, plus votre chaleur corporelle sera élevée. Les vestes polaires ou les doudounes fines sont les plus recommandées pour l’univers des professionnels. Attention néanmoins, si vous avez un poste très dynamique cette couche intermédiaire ne doit pas être trop chaude. »

3 Une couche externe pour se protéger de froid et des éléments

« Ce dernier niveau doit être respirant, souple et léger. Pour le froid industriel, soyez attentif à certaines normes. Notamment la norme EN 14058, qui est dédiée aux climats frais et aux températures supérieures à -5 °C. Ainsi que la norme EN 342 concerne le froid à des températures inférieures à -5 °C où l'environnement combine vent et humidité. Selon vos contraintes (abrasion, humidité, vent, froid…) des tissus techniques sont utilisés. Demandez conseil à votre fournisseur pour déterminer quelle veste est adaptée à votre environnement. »

VETEMENTSFROID1.jpg
© Le Vêtement du Froid - 2023

Propos recueillis par François Richard