
Rien ne semblait pouvoir arrêter les frites et garnitures sur leur lancée. Frites ou wedges, grenailles ou duchesse, les produits de pomme de terre affichaient depuis des années une dynamique à faire pâlir plus d’une catégorie. Très forte sur 2020 avec des ventes en hausse de 6 %, la croissance a commencé à ralentir à partir du second semestre 2021. Avant de s’effondrer au début de cette année folle : le rayon des garnitures de pomme de terre a vu ses volumes chuter de 9 % au premier semestre par rapport au S1 2021. « Ce recul est multifactoriel ! Entre ruptures, régulation après l’emballement pendant la crise COVID, premiers effets de l’inflation, baisse du soutien média de l’ensemble des acteurs du surgelé, il est encore difficile d’imputer un poids à ces différents facteurs », analyse-t-on chez Findus. Mais il est certain malgré tout que les difficultés soudaines d’approvisionnement en huile de tournesol depuis le début de la guerre en Ukraine et les ruptures qui en ont découlé en magasins ont évidemment fortement pénalisé les ventes au premier semestre.
Perturbation passagère
Sur l’année écoulée selon les données d’Iri (tous circuits GMS en cumul annuel mobile arrêté à fin mai 2022), le marché a réalisé 533 M€ (- 1,7 %) pour 239 000 tonnes (- 2,8 %). Tous les segments sont en recul à l’exception des pommes dauphines qui restent stables et des galettes qui progressent de 4,2 % en valeur. Mais les piliers du rayon dévissent : - 1,7 % pour les frites, - 3,1 % pour les rissolées, - 2,2 % pour les potatoes.

Les ventes sur le premier semestre ont été très fragilisées par les tensions d’approvisionnement en huile de tournesol et les ruptures de produits en rayon.
Les fabricants restent toutefois persuadés que cette chute n’est que conjoncturelle et que le rayon va vite retrouver des couleurs. « La croissance des pommes de terre est pérenne. Sur les trois dernières années, les ventes sont en progression de 13 %, faisant de la catégorie un vrai driver du surgelé », insiste Joséphine Saint-Maxent, Marketing Manager Retail France chez McCain. Pas question donc de changer les recettes du succès de ces dernières années. À commencer par les frites au four qui pèsent désormais très lourd sur le segment des frites et qui concentrent l’essentiel des nouveautés des marques. « En l’espace de trois ans, le chiffre d'affaires des frites four a crû de 30 % contre à peine + 2 % pour les frites friteuse. Les frites au four sont à la fois perçues comme plus saines et plus pratiques que les versions classiques », argumente Aurore Roussel, responsable marketing chez Cité Gourmande. Les grenailles retrouvent une nouvelle jeunesse. Gourmandes et authentiques, elles séduisent par leur caractère traditionnel. Cité Gourmande, leader du segment, décline d’ailleurs les grenailles en version « demi » dans une poêlée cuisinée à l’ail et au piment d’Espelette. Findus, de son côté, veut apporter de la nouveauté sur le segment phare des pommes de terre rissolées avec une recette au paprika fumé en sachet de 600 grammes. « Nous sommes partis du constat que les consommateurs de pommes de terre aiment la nouveauté mais achètent trop souvent les mêmes offres par habitude. Nous avons donc fait le choix de leur proposer une nouvelle recette gourmande au Paprika fumé, sur une découpe qu’ils connaissent bien », argumente-t-on chez Findus.
Redynamiser les spécialités
De son côté, McCain continue de travailler à redynamiser le segment des spécialités, gros segment qui s’essouffle. Après Crunchy Petals (pétales ondulés) lancées l’an dernier, la marque joue l’originalité des formes avec des frites ondulées baptisées Côté Burger (PMC : 2,59 € le sachet de 650 g). Là encore, l’idée est clairement de rajeunir la cible en séduisant les plus jeunes consommateurs avec des produits fun et tendance qui, au passage, affichent un Nutriscore A.



On notera qu’en 3 ans, le CA des frites au four a progressé de 30 % contre à peine +2 % pour les frites en cuisson friteuse...
Des gnocchis étoilés pour Cité Gourmande
La filiale du groupe Le Duff a annoncé avoir débuté un partenariat avec le Chef étoilé Michel Sarran pour développer des recettes signatures qui fleurent bon le Sud-Ouest. Sous les feux des projecteurs en tant que juré de Top Chef de 2015 à l’an passé, le chef toulousain collabore avec Cité Gourmande pour mettre au point des recettes pour tous les circuits de distribution. De ce partenariat vient de naître la première gamme destinée à la grande distribution. Plus précisément, Michel Sarran a retravaillé la recette des gnocchis, lancés par Cité Gourmande l’année dernière pour l’optimiser. Résultat : un produit plus fondant et moins élastique, très différenciant par rapport à l’offre existante au rayon traiteur frais. Trois recettes sont proposées (nature, Cabécou et herbes de Provence) et les packagings arborent désormais l’effigie du Chef.
Un beau potentiel sur le grand froid
Depuis quelques années, les gnocchis, produit ô combien traditionnel d’Italie, font un tabac au rayon frais, et ont explosé avec l’apparition des versions « à poêler ». Cité Gourmande veut suivre le même chemin avec sa gamme surgelée. « L’offre est inexistante en GMS alors que les gnocchis sont en plein boum. Nos recettes sont élaborées à base de pomme de terre selon la vraie recette italienne, sont garanties sans additif et cuisinées avec des œufs plein air. », développe Aurore Roussel, responsable marketing chez Cité Gourmande. Nul doute que la caution apportée par le chef Michel Sarran devrait lui donner un gros coup de pouce pour s’imposer dans le rayon.

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