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François Richard revient sur rapport étroit que les Français entretiennent avec la cuisine asiatique. Une offre qui présente aujourd’hui un nouveau visage avec la montée en puissance de la street food et du flexitarisme.

Notre fascination pour la cuisine asiatique remonte à la nuit des temps. Alors que nous avons dû attendre le milieu du Moyen Âge pour cesser de manger avec les doigts, les Asiatiques maîtrisaient déjà le maniement des baguettes plus de 2 000 ans avant la naissance de Jésus Christ, cultivaient leurs premières plantations de thé, et réalisaient une cuisine raffinée et subtile. Sans la route de la soie empruntée par Marco Polo, nombre de produits devenus familiers n’existeraient pas dans la cuisine occidentale, telles les pâtes qui font aujourd’hui la fierté des « Mamas » italiennes.

Mais la démocratisation de la cuisine asiatique ne se fera que beaucoup plus tard, avec l’arrivée des premiers restaurants chinois dans les années 70. Cette vitrine de la gastronomie chinoise est alors assez réductrice par rapport à sa richesse réelle, la cuisine met à l’honneur le wok, la cuisine fusion alliant salé et sucré, les notes acides, amères, voire piquantes, les mets crus, piliers de cette cuisine millénaire, mais aussi les pépites des pays voisins. Ils empruntent en effet au Vietnam ses rouleaux de printemps, à l’Inde ses samossas, ou encore à la Thaïlande son riz gluant. Champions du menu à prix bas, ces restaurants chinois de quartier ne résisteront pas à un positionnement qualité parfois médiocre et à quelques scandales sanitaires.

L’émergence de la pluralité des cuisines asiatiques

Avec la forte augmentation des étudiants et touristes en France à partir des années 2000 et le développement des voyages en Asie, (deuxième destination mondiale pour le tourisme après l’Europe), les subtilités existant entre les différentes cuisines du continent asiatique émergent peu à peu : le restaurant chinois laisse place à des établissements spécialisés dans la cuisine thaï, précise et équilibrée, ou japonaise, renommée pour ses sushis, sashimis, maki, et son fameux bœuf de Kobé. La cuisine asiatique devient la plus populaire au monde, d’après un sondage de CNN Travel, et le pad thaï figure sur le podium des trois plats préférés au monde !

Déringardisée, premiumisée, la cuisine asiatique et ses variations se développent significativement en France, une cuisine « nouvelle génération, tendance, audacieuse et très appétissante. Le street food démocratise Le bao burger (petit pain farci de viande), le plateau de sushis, les gyozas, qui deviennent les aliments de base des hipsters des beaux quartiers ! On voit même apparaître dans les grandes métropoles des enseignes mono produit, commercialisant quasi exclusivement qui des soupes ramen, qui du ravioli vapeur. La défense du bien-être animal, la prise de conscience des dangers d’une alimentation trop riche en protéines carnées, propulsent sur le devant de la scène une cuisine flexitariste, voire végétarienne, fortement influencée par la cuisine indienne, promise à un bel avenir, tant elle est en phase avec les préoccupations de santé publique et de l’environnement.

La cuisine asiatique influence même les grands restaurateurs français, qui fusionnent les grands classiques français avec les fondamentaux de la cuisine asiatique, qu’il s’agisse d’ingrédients particuliers ou de techniques de cuisson ou de découpe. Le dressage épuré des plats emprunte également nombre de codes de la cuisine asiatique. Les recettes asiatiques (sushis, rouleaux de printemps) sont revisitées avec des garnitures typiquement françaises, les mochis glacés révolutionnent la catégorie des desserts.

Et demain ?

Avec 75 % de la population active composée de millenials en 2025 (source Insee), et un développement massif du snacking, (85 % des consommateurs concernés au moins 4 fois par mois en moyenne soit 16 millions rien qu’en France), le street food à la recherche d’une cuisine dépaysante et équilibrée propulsera encore davantage les icônes de la cuisine asiatique. Les pratiques et aspirations des millenials vont dans le même sens, ils aspirent au « glocal », (global + local), plébiscitent des plats uniques appréciés pour leur simplicité, leur équilibre, et leur capacité à le faire voyager dans son assiette. Près de la moitié des consommateurs de cette génération sont à la recherche d’une cuisine d’inspiration mondiale réalisée avec des ingrédients authentiques, selon les statistiques Mintel.

Tous ces mouvements de fond sont autant d’aubaines pour les cuisines asiatiques qui n’ont pas fini de nous étonner, pour le plus grand bénéfice du rayon surgelé, qui contribuera à démocratiser au-delà des grands centres urbains des recettes asiatiques trop complexes pour être faites « maison ». À n’en pas douter, les prochains JO de Tokyo boosteront sur le devant de la scène les gyozas Ajinomoto, les mochis Erhard ou Tiliz et toutes les autres recettes tendances déjà disponibles dans l’offre Grand Froid.