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La part du bio dans le Grand Froid reste assez faible, malgré une offre qui s’est sensiblement enrichie. Décryptage à travers les données d’IRI (accès abonnés).

Le bio s’est durablement enraciné dans le paysage de la consommation française. Toutes les catégories de produits sont désormais concernées par cette mouvance de fond, y compris les surgelés et les glaces. Selon le panel distributeur IRI, les ventes de surgelé salé bio affichent une progression avoisinant les + 30 % en valeur (tous circuits GMS* en cumul annuel mobile à fin avril 2020). De son côté, le surgelé sucré (et notamment les glaces) fait encore mieux avec + 58 %, comblant un peu le retard pris sur le salé. Cette dynamique du bio tranche d’autant avec les performances globales d’un marché du surgelé mal orienté, du moins l’était-il encore à la veille du confinement. « Mais si les surgelés progressent clairement sur le bio, leur part de marché reste encore faible au sein de l’univers Grand Froid », nuance Manon Elie, consultante chez IRI, précisant que cette part s'élève à 2,8 % du chiffre d’affaires des ventes du surgelé salé et 1,9 % sur le sucré. On est donc très loin de la moyenne relevée par exemple sur le frais, de l’ordre 5,7 %, plus encore de la crémerie qui flirte avec les 9 %.

Un développement significatif de l’offre

De même, la part du bio continue à varier très sensiblement d’une famille de produits à l’autre. Au premier rang figurent logiquement les légumes, principalement bruts, qui représentent encore les deux tiers des volumes pour un peu moins de la moitié du chiffre d’affaires. « Si aucune catégorie du surgelé n’arrive à avoir en bio des performances comparables à celle d’une référence de son marché, les légumes obtiennent les meilleurs résultats dans ce domaine », explique Manon Elie, en évoquant pour ces derniers un indice VMH** (valeur) de 58, contre 44 par exemple pour les pizzas, 36 pour les viandes, ou encore 22 pour les plats cuisinés. Les légumes bio se sont donc ancrés durablement dans le rayon surgelé en totalisant désormais 10 % du CA des ventes de ce segment, ce qui n’est plus anecdotique. Loin derrière, les lignes continuent à bouger mais sans pour autant exploser. À l’image des pizzas bios (3,4 % de part de marché sur la catégorie, avec des ventes en progression de 20 %) ou encore les viandes (2,7 % de PdM et un CA se bonifiant de 25 %). De même, d’autres familles poids lourds ont tendance à combler un peu leur retard, à l’image des produits de pomme de terre (+ 98 % de CA pour un peu moins de 2 % de part de marché) et surtout les glaces en vrac, dont les ventes ont augmenté de 50 % pour atteindre désormais plus de 5 % de part de marché sur le segment. Des performances qui si elles restent encore modestes, sous-entendent que le bio émerge sur l’ensemble du rayon surgelé.

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Vers une rationalisation de l’offre ?

Maintenant, la question est de savoir si l'impact de la crise du Covid sur le pouvoir d’achat des Français peut freiner, voire inverser la dynamique du bio, a fortiori en surgelé. Selon IRI, son poids dans les ventes, non content de se maintenir pendant le confinement, s’est même développé sur les surgelés. Mais la prudence reste de mise. Autre problème relevé par IRI, la taille de l’offre qui a eu tendance à progresser plus vite que les ventes depuis un an. « On risque de déboucher sur une rationalisation des assortiments car le bio a tendance à être surexposé sur la majorité des catégories » déclare la consultante chez IRI, qui soulève un autre frein, l’indice de prix du bio surgelé. Ce dernier s’envole sur certaines catégories, comme le poisson (388 !!!), les produits de pommes de terre (236) ou encore les plats cuisinés (222). Pas de quoi faciliter des ventes sur une offre qui rappelons-le, ne bénéficie d’aucune mise en avant particulière en magasin, et sans corner dédié (ou presque) pour en animer les ventes. Dans ce contexte, rien d’étonnant donc à ce que les surgelés bio obtiennent la part de marché la plus haute en Drive et E-Commerce.

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