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En deux ans, l’écolabel déployé par l'ONG internationale Marine Stewardship Council (MSC) a fortement accru sa visibilité dans les rayons du commerce de détail, comme dans l’esprit des consommateurs.

C’est un fait établi ! Les préoccupations des Français en matière de pêche responsable prennent de l’ampleur. Selon la dernière étude Globescan menée en 2020 pour le compte du MSC, 76 % des Français pensent qu’il est indispensable d’acheter des produits issus de la pêche durable pour sauver les océans. Et cette préoccupation ne cesse de croître. En deux ans, la durabilité est ainsi passée de la 8e à la 5e place dans les critères d’achat des consommateurs, en passant même devant le prix*. Mieux encore, 81 % des consommateurs de produits de la mer souhaitent aujourd’hui que les marques et les distributeurs parlent davantage de la durabilité des ressources. Et plus de trois interrogés sur quatre attendent que ces arguments soient vérifiés par des organisations indépendantes. « Les pratiques responsables et durables sont la meilleure façon de sauvegarder l'avenir des stocks de poissons pour aujourd'hui comme pour les générations futures », rappelle Amélie Navarre, responsable des partenariats entreprises au sein du Marine Stewardship Council France (MSC). Et l’ONG qui s’attache à promouvoir les pratiques de pêche durable à travers le monde, semble avoir été enfin entendue ! Toujours selon l’étude Globescan, près d’un 1 consommateur sur 2 reconnaîtrait désormais le label MSC en France (soit 14 points gagnés par rapport à 2018). De son côté, Florent Chatir de Kantar, indique une notoriété assistée du MSC qui progresse de 26 % en 2019 à 31 % en 2020**. Au-delà des variations d'une source à l'autre, ces fortes évolutions confirment que l’image du label MSC s’imprime plus durablement dans l’esprit des consommateurs.

De plus en plus de produits certifiés

C’est donc le signe manifeste que les Français sont de plus sensibles aux problématiques liées à l’exploitation des ressources marines et que les actions menées par le MSC d’un côté, et les marques partenaires de l’autre, portent leurs fruits. D’ailleurs, sur les douze derniers mois, le nombre de références surgelées labellisées MSC a grimpé de 22 % ! « Une bonne dizaine d’espèces sont concernées avec un trio de tête composé du colin d’Alaska, du cabillaud et du saumon sauvage », souligne Amélie Navarre. Et ce n’est pas terminé, car la machine est enclenchée en amont comme en aval de la filière. Côté amont, on estime aujourd’hui à 13 millions de tonnes le volume de capture certifiée MSC dans le monde (contre 10 millions en 2018). Soit à la louche 15 % des captures mondiales. Même son de cloche du côté des pêcheries, avec plus de 400 d’entre elles déjà certifiées et 90 en cours d’évaluation (pour mémoire, on dénombrait 260 pêcheries certifiées en 2016). Il est vrai que la certification MSC pèse de plus en plus dans la balance d’un référencement en magasins. « C’est presque même devenu un prérequis sur certains types de produits », déclare Alexia Muller, la directrice marketing du groupe Escal.

Frémissement en restauration

En restauration aussi (hors contexte Covid du moins), on s’intéresse davantage à la question de la durabilité des ressources marines. Avec des acteurs comme Sodexo, Compass, Elior pour les collectives ou en restauration commerciale les enseignes Flunch et Ikea, qui ont déjà pris des engagements fermes sur le sujet. Même constat chez les distributeurs grossistes, à commencer par PassionFroid et Sysco-Davigel, même si globalement tous s’y sont mis. Food Service Vision, qui épluche les catalogues de la restauration et marché hors domicile***, évoque une hausse très significative du nombre d’insertions en lien avec le label MSC. « Elles ont bondi de presque 40 % en l’espace d’un an et se concentrent d’ailleurs essentiellement sur l’offre surgelée » explique Laure Gosselin, directrice associée chez Food Service Vision, qui évoque un développement essentiellement axé sur les découpes de poisson nature et sur les panés, beaucoup moins sur les crustacés et mollusques. Enfin et surtout, cette progression se ressent sur les circuits des collectivités (historiquement mieux sensibilisées au label) mais aussi en restauration commerciale, en particulier sur les derniers catalogues de fêtes.

(*) : Les six premiers items sont par ordre d’importance : fraîcheur, bon pour la santé, sain à consommer, goût, durabilité, prix

(**) : chiffre issu de l’étude « La jungle des labels », réalisée par Kantar en septembre 2020 et portant sur un panel de 10 000 consommateurs

(***) : Source Food Service Tracking : comparatif 2020 Vs 2019

Deux questions à Amélie Navarre, responsable des partenariats entreprises au sein du MSC

Le Monde du Surgelé : Vous reconduisez conjointement en février* avec l’ASC** la semaine de la pêche durable et de l’aquaculture responsable. Avec quel objectif commun ?

MSC-Amelie-Navarre-3bd.jpgAmélie Navarre : L’objectif est de sensibiliser le consommateur sur les choix responsables en produits de la mer. Et c’est aussi l’occasion de renforcer notre sensibilisation auprès des partenaires qui nous soutiennent et qui sont plus nombreux chaque année.Parmi eux, nous comptons des pêcheries et élevages certifiés, des aquariums partenaires, des distributeurs, des marques, des restaurateurs et des entreprises de produits de la mer. Ils participent à notre campagne de sensibilisation autour des produits de la mer durables et responsables via différents types d’activation, évènements, jeux-concours sur les réseaux sociaux, campagne d’affichage ou digitale, etc.MSC_Logo-Semaine-Peche-Responsable-sans-date.jpg

LMDS : Quid de la présence des labels en restauration ?

A.N. : Ce secteur est également positivement impacté par la prise de conscience générale des citoyens et nous comptons d’ailleurs des grossistes engagés dans le programme, certains sont mêmes partenaires de la semaine de la pêche responsable. Afin d’assurer que les exigences des certifications s’appliquent, les restaurants doivent se faire certifier selon le référentiel Chaîne de Garantie d’Origine. Dans ce sens, ce référentiel est commun à l’ASC et au MSC, pour permettre aux entreprises de se faire certifier pour les deux labels avec un seul audit. Pour faciliter l’accès à la certification dans ce secteur, nous avons d’ailleurs récemment développé des vidéos d’animation pour former le personnel de la restauration.

(*) : La cinquième édition de la Semaine de la Pêche Responsable se déroule du 15 au 21 février 2021. Pour mémoire, le MSC et l’ASC sont les deux organisations à l’initiative de cet événement

(**) : Aquaculture Stewardship Council (équivalent du MSC pour l'aquaculture)