Pour Dominique Amirault, si les mesures adoptées par la loi Egalim 2 vont dans le bon sens pour la protection des agriculteurs français, elles compromettent encore un peu plus l'avenir des PME françaises. Tribune libre du président de la FEEF*.

Avec Egalim 2, la FEEF déplore l'adoption d'une loi « anti-PME française »

DominiqueAmirault-2017-3.jpg

" S'il faut saluer les avancées pour les agriculteurs que sous-entend l’adoption d’Egalim 2, aucune mesure n'a en revanche été prise pour faire appliquer le tarif de vente des PME à la Grande distribution. Pire, le législateur a fait le choix de privilégier les marques multinationales dans les rayons, en augmentant le poids des contreparties dans la négociation commerciale, aux dépens des marques PME. Force est de constater que 98 % des entreprises agroalimentaires, soit les premiers transformateurs de la matière première agricole française, n’ont pas été entendues par le législateur pour favoriser un prix rémunérateur pour tous !

Maintien de la pression sur les tarifs

 Suite à Egalim 2, les transformateurs PME seront toujours dans l'incapacité de répercuter les coûts agricoles et les coûts de transformation dans leur tarif de vente à la Grande distribution. Avec la non négociabilité des coûts agricoles seule, il est à craindre que la négociation se reporte désormais très fortement sur tous les autres coûts des PME (autres qu’agricoles) pourtant générateurs de création de valeur : innovation, investissements productifs, transition écologique, emploi. Or, eu égard à l'interdépendance de la chaîne alimentaire, in fine il ne pourra y avoir de revalorisation des prix agricoles sans une revalorisation des tarifs des transformateurs PME.

Avantage compétitif donné aux multinationales

 Aussi, en augmentant le poids des contreparties dans la négociation commerciale, le législateur a fait le choix de renforcer la présence des marques multinationales dans les rayons de la Grande distribution. Le linéaire étant limité, cette mesure constitue un avantage compétitif donné aux marques multinationales pour négocier davantage de mètres linéaires, créant mécaniquement un effet d'éviction des marques PME françaises.

 La loi Egalim 2 est donc une occasion manquée pour rééquilibrer les relations commerciales et fragilise les transformateurs PME. Dans les mois qui viennent, il sera nécessaire d'évaluer les effets induits sur l'offre de produits par type de fournisseurs. Nous demandons aux enseignes de la grande distribution, par la pratique du discernement PME, d'inverser la donne en faveur des produits PME pour répondre aux attentes des consommateurs et favoriser la souveraineté alimentaire. "

(*) : Fédération des Entreprises et Entrepreneurs de France (feef.org)