© Le Monde du Surgelé
S’appuyant sur une étude du cabinet Campden BRI, le leader européen du surgelé propose de remonter de 3 degrés la température de conservation des produits, pour générer des économies d’énergie substantielles.

Après Unilever et les glaces en 2023, c’est au tour du groupe Nomad Foods de monter au créneau sur la question de la révision du seuil de température de conservation des produits surgelés, aujourd’hui fixé à -18 °C par la réglementation. Dans ce sens, le leader européen des surgelés a été le premier fabricant à rejoindre le « Move to -15 °C », une coalition née en 2023 dans le milieu industriel, qui vise à réduire des émissions de carbone dans les chaînes d’approvisionnement. Aujourd’hui, Nomad Foods et sa filiale Findus œuvrent, notamment en France via la démarche « Coalition -15 », pour une remontée de 3 degrés du seuil de température de stockage des surgelés. Dans ce domaine, Nomad Foods s’appuie sur les résultats d’une étude menée sur dix-huit mois, en collaboration avec le laboratoire externe Campden BRI*. « Trente-trois experts se sont réunis autour de la table pour travailler avec nous sur ce projet » explique Vincent Theismann, Country Manager France de Findus. L’étude a évalué l’impact de la variation de température de stockage sur neuf types de produits, en prenant en compte plusieurs critères d’évaluation pour interpréter les évolutions dans le temps.

Des tests de -18 à -9 °C

Les produits testés dans l’étude relèvent de plusieurs univers distincts. On y retrouve du poulet pané, 2 types de bâtonnets de poisson, des filets de saumon, plusieurs références de légumes (petits-pois, épinards en feuilles, mélange de légumes), une pizza margherita, ainsi que des boulettes végétales. Dans la méthodologie, chacun des produits a été testé sur quatre niveaux de température distincts, à savoir -18, -15, -12 et enfin -9 °C. Premier critère pris en compte, l’impact microbiologique pour évaluer la sécurité du produit. Deuxième critère : la partie sensorielle pour évaluer sa qualité. Aussi, l’analyse de texture pour confirmer si les produits présentent des problèmes, notamment de rancidité, d’oxydation… Vient ensuite l’indice de l’impact sur le plan nutritionnel (notamment chez les produits végétaux), puis celui de l’impact sur l’emballage, pour évaluer des modifications à effectuer en fonction des différents seuils. On termine enfin avec le critère de la consommation d’énergie, essentiel pour obtenir des données permettant de valider des allégations de réduction.

Nomad Foods a communiqué récemment sur les résultats de ces tests. Selon le groupe, aucun changement significatif n’est à constater sur les produits lorsqu'on bouge le curseur de – 18 à – 15 °C. Pour les tests opérés à -12 °C, Le rapport évoque une légère baisse de la teneur en vitamine C dans certains produits végétaux et quelques changements dans les performances sensorielles sur certains produits.

Au moins 10 % d'économie d'énergie

Sur le critère de la consommation énergétique en revanche, l’impact est significatif dès – 15. « Ces tests ont démontré qu’augmenter la température de 3 °C, en passant de -18 °C à -15 °C, permet d'économiser 10 à 11 % d'énergie et de réduire d’autant les gaz à effets de serre sans impacter la qualité des aliments et surtout sans qu’il soit nécessaire de reformuler les produits. C’est donc un axe de durabilité très conséquent, sur le plan économique mais également au niveau de l’image des surgelés », souligne Vincent Theismann. Le rapport précise également que chaque augmentation de température de 3 °C entraîne une baisse dans des proportions voisines (entre 10 et 11 %) de la consommation d'énergie et un niveau similaire de réduction des GES.

La direction de Nomad Foods indique vouloir poursuivre ces tests à plus grande échelle, notamment en sensibilisant l’ensemble de ses clients distributeurs sur les gisements possibles en matière d’économie d’énergie. L'industriel invite d’autres fabricants à rejoindre le mouvement et à multiplier les tests, notamment sur d'autres familles de produits. Avec en toile de fond la volonté de vouloir faire bouger les lignes en matière de législation européenne.

(*) :  Étude pilote BRI de Nomad Foods/Campden - Le projet a été mené entre novembre 2022 et mai 2024.

« Move to -15 °C »

Créé en 2023, la démarche « Move to -15 °C » vise à réinitialiser les normes de température des aliments congelés afin de réduire les gaz à effet de serre, de réduire les coûts de la chaîne d’approvisionnement et de sécuriser les ressources alimentaires mondiales. Elle a été fondée à la suite du lancement du rapport Three Degrees of Change, un document universitaire soutenu par la société mondiale de logistique DP World et présenté par des experts de l’Institut international du froid basé à Paris, de l’Université de Birmingham et de l’Université de Londres South Bank, entre autres.