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Introduit sur le marché français en 2015, le label d’aquaculture responsable se fait nettement plus présent dans les rayons depuis l’année dernière. Entretien avec Camille Civel, responsable du développement de l’ASC en France.  

Le Monde du Surgelé : Comment évolue la présence des produits certifiés ASC en France et notamment sur le surgelé ?

ASC-Camille-bd.jpgCamille Civel : Globalement, on observe une croissance de 48 % de produits agréés par l’ASC pour le marché français depuis l'année dernière. C’est quatre fois plus qu’il y a trois ans et l’évolution est d’autant plus spectaculaire que les tout premiers produits ASC ne sont arrivés sur le marché qu’en 2013. Pour s’en tenir au surgelé, c’est 25 % du volume de produits ASC vendus en France. Le gros de l’offre concerne des produits de saumon (45 %) et de crevettes (47 %), le reste des espèces surgelées labellisées se répartissant entre des moules, des pétoncles et du pangasius. Les volumes ont presque doublé par rapport à 2019, et triplé si on les compare à 2018.

Du côté de la production, la filière s’est organisée pour répondre à cette demande croissante en produits ASC, avec aujourd’hui 180 entreprises certifiées.

LMDS : Pour autant, les Français ont-ils bien identifié la démarche de l’ASC sur l’aquaculture, notamment par rapport à son grand frère sur la pêche ?

C.C. : L’ASC est encore un label très récent sur le marché français et donc loin d’être aussi reconnu que le MSC. Mais la dernière étude Globescan révèle que pour 79 % des personnes interrogées il est primordial de consommer des produits issus de sources responsables pour protéger l’environnement et la même proportion attend des marques et des distributeurs que les allégations environnementales sur leurs produits soient clairement indiquées et validées par des organismes indépendants. L’ASC constitue un repère simple et fiable pour répondre à cette attente des consommateurs.

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LMDS : Justement, quelle est la part des volumes d’aquaculture certifiée ASC ?

C.C. : Les premières fermes ont été certifiées en 2012. À ce jour, le programme ASC compte près de 1 340 fermes certifiées dans le monde, soit 18 % de plus en un an, et 240 sont en cours de certification. Ce qui correspond à une production d’environ 1,6 million de tonnes réparties sur 17 espèces. Le saumon et la crevette représentent aujourd’hui la majorité des volumes : 1 million de tonnes sur le saumon ASC avec comme principaux producteurs la Norvège et le Chili ; la crevette suit avec 240 000 tonnes, majoritairement en provenance du Vietnam et l’Équateur.

J’ajouterais que la FAO a indiqué très clairement que l’aquaculture allait jouer un rôle prépondérant dans l’apport en protéine pour la population mondiale, ce qui va donc entraîner une croissance supplémentaire de la filière. Mais si l’aquaculture permet en effet de produire des protéines avec un impact environnemental bien moindre que la viande, c’est à la condition que les fermes aquacoles respectent des normes de production responsable.

LMDS : En quoi se distingue la certification ASC ?

C.C. : Les problématiques sont bien différentes entre l’élevage d’un saumon Atlantique et celui d’une crevette tropicale par exemple. L’ASC a donc développé des cahiers des charges spécifiques pour chaque groupe d’espèces *. En outre, le référentiel ASC comprend différents critères couvrant les aspects sociaux, légaux et environnementaux. Enfin, l’aquaculture étant un secteur en perpétuelle mutation, tous nos référentiels sont donc périodiquement mis à jour. Nous sommes par exemple actuellement en train de revoir le référentiel crevette. Nous travaillons aussi sur de nouveaux critères pour compléter nos exigences actuelles sur le bien-être animal. Le ressenti des poissons est un domaine d’étude relativement nouveau dont nous savons encore peu de choses, mais les recherches en la matière sont prometteuses.

(*) : Aquaculture Stewardship Council (ASC)

(**) Il en existe aujourd’hui 12, qui couvrent 17 espèces : bivalves (huîtres, moules, palourdes et pétoncles); crevettes; sérioles/cobias; bar, dorade et maigre; ormeaux; pangasius; poissons marins tropicaux; poissons plats; saumons; tilapias; truites d’eau douce, et algues (commun avec le MSC)

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