Les ventes de produits surgelés sont en plein boom depuis le début de la crise du Covid. Reste à savoir si cette nouvelle dynamique se maintiendra sur fond de déconfinement progressif.
Après plus de deux mois de confinement, Nielsen a dressé un bilan des ventes de produits surgelés. Le résultat confirme le ressenti observé depuis le début de la crise du Covid, à savoir une très forte augmentation des ventes, qui tranche d’autant avec les piètres performances du marché, qu’on observait habituellement depuis déjà une dizaine d’années.
Si les premiers jours du confinement ont joué plutôt en faveur des conserves et des pâtes du rayon épicerie, les consommateurs ont plutôt privilégié les produits surgelés dans les semaines suivantes. Les ventes de surgelé salé ont ainsi connu une croissance inédite, flirtant avec les + 30 %, sur la période du confinement, alors que dans le même temps, celle des conserves redescendait à + 23 % (après un Pic de + 60 % au début de la crise). Pour Nicolas Léger, directeur analytique chez Nielsen, cette tendance peut s’expliquer notamment par une routine privilégiant davantage les produits du frigo : « En 10 ans la part des produits du réfrigérateur dans la consommation a progressé de près de 6 points, au détriment de ceux du placard. Cette tendance explique sans doute en partie l’appétence des produits surgelés au détriment des conserves ». Sur fond de crise du Covid, le surgelé s’est donc affirmé comme une valeur refuge dans l’univers du « frais ».
Côtés circuits, au-delà du drive et des grandes surfaces, les magasins spécialisés surgelés, Picard en tête, ont également connu de fortes croissances, progressant de 28 % * lors des 4 premières semaines de confinement. Autre gagnant, le circuit de la livraison à domicile, à l’exemple de son leader Toupargel, repris en fin d’année par les actionnaires de Grand Frais.
Une inversion de tendance entre frais et surgelé
La situation est encore plus inédite si on compare les performances du frais vs le surgelé sur certaines familles de produits (c’est notamment flagrant sur les légumes, viandes et pizzas), au point d’observer dans certains cas une vraie inversion de tendance. Nielsen évoque par exemple les cordons bleus surgelés qui affichent une croissance 2,5 fois plus forte que ceux du rayon frais (+60 % vs +24 %), ou encore les légumes cuits (+29 % en surgelé contre +16 % en frais). Cette fois sur la viande, c’est bien l’offre en surgelé qui domine son homologue en frais réfrigéré avec une croissance 2 fois plus forte (+55 % vs +26 %). « Et ce ne sont pas les pizzas fraîches, habituées à remporter les matchs les uns après les autres face aux pizzas surgelées, qui ne diront le contraire, puisque celles-ci n’affichent qu’une croissance de +4 % lorsque celles du rayon surgelé culminent à +21 % », souligne notre interlocuteur.
Quid des prochains mois ?
Au final, le surgelé, en particulier salé, semble renforcé au sortir de cette période de confinement, la séquence inédite vécue par les Français ayant eu pour effet de remonter en flèche sa cote de popularité. Pour autant, le rebond du rayon n’est pas encore garanti pour l’avenir selon Daniel Ducrocq, le directeur des services à la distribution chez Nielsen. « Cela dépendra surtout de la fréquence à laquelle les consommateurs se rendront en magasin. Si elle reste en deçà de l’avant-confinement, la reprise du surgelé sera durable, ce qui pourrait inciter les hypermarchés et supermarchés à leur accorder plus de surface en points de vente. Marques et enseignes devront alors répondre de concert à la demande accrue des consommateurs. »
(*) : Données Nielsen Total Shopper, semaines 12 à 16 2020 vs. même période en 2019.