L’application mobile met en place un score nutritionnel personnalisé, qui tient compte des quantités habituellement consommées par le profil de l’utilisateur. Avec à la clé un impact assez net sur la note finale du produit.

L’appli myLabel affine le score nutritionnel des produits

Application d’aide à la consommation déployée courant 2019, myLabel évalue les produits alimentaires vendus en magasin comme sur les sites de courses en ligne. Mais cette appli se distingue en délivrant une évaluation entièrement paramétrable sur trois grands axes, qu’il s’agisse de la santé, de l’environnement ou encore du social. Et l’application pousse très loin la personnalisation : avec une vingtaine de critères proposés, l’utilisateur peut ainsi affiner en fonction de ses propres critères de sensibilisation, allant des pesticides et des additifs à la juste rémunération des agriculteurs, en passant par les intolérances, les conditions de travail ou encore le bien-être animal. Pour autant, la start-up pousse cette année encore d’un cran l’individualisation de son application en déployant progressivement sur chaque produit un nouveau score nutritionnel personnalisable (Nutri Perso). « Nutri-Score évalue la qualité nutritionnelle des produits par portion standard de 100 g ou de 100 ml, et ne prend pas en compte la portion consommée selon le profil individuel. Or les apports journaliers recommandés diffèrent selon notre âge, notre sexe et nos besoins », explique Christophe Hurbin, cofondateur de myLabel. C’est pourquoi, en complément du Nutri-Score, l’équipe de myLabel a développé en collaboration avec les ingénieurs de l’Institut national de la consommation (INC)* et les experts du Crédoc, un score nutritionnel qui va tenir compte de la portion moyenne consommée par l’utilisateur de l’appli, suivant son profil préalablement renseigné (déterminé à partir de portion moyenne consommée par les Français suivant les critères d’âge et de sexe).

Un travail en amont sur la définition de portion

Pour établir les valeurs liées à ces profils types, les équipes du Crédoc ont mené au préalable une vaste enquête auprès d’un échantillon exhaustif de la population, en vue de définir des portions moyennes**. L’enquête porte à la fois sur le profil des aliments et des consommateurs sondés, ainsi que sur les occasions (actes) et lieux de prises alimentaires. « On obtient donc une dose journalière moyenne par catégorie d’aliment, par sexe et par âge », résume Pascale Hébel, directrice du pôle consommation du Crédoc. De leur côté, les ingénieurs de l’INC ont défini les besoins nutritionnels spécifiques à l’âge et au sexe sur la base des recommandations de l’ANSES et en s’appuyant sur la méthodologie NRF (Nutrient Rich Foods), un indice nutritionnel qui est personnalisable. En scannant les produits avec l’appli, on obtient le nouveau score nutritionnel ainsi obtenu, facilement identifiable grâce à un pictogramme de cinq couleurs (avec un score sur 100). Il indique également la portion alimentaire moyenne pour une personne de son profil.

Un impact notoire sur le score nutritionnel

On constate au final des différences parfois très nettes en comparaison avec la note obtenue par le produit sur l’échelle du Nutri-Score. « C’est normal, sachant qu’un adulte par exemple ne mange pas une tablette de chocolat entière mais plutôt quelques carrés », argumente le fondateur de l'application mobile. Ainsi, une tablette de 100 g avec un Nutri-Score défavorable peut ainsi obtenir un score nutritionnel favorable une fois adapté à la portion réellement consommée. « C’est l’inverse pour certains jus et sodas : ils sont nombreux à obtenir un Nutri-Score B ou C pour 100 ml, alors qu’un enfant en boit en moyenne entre deux et trois fois plus. » Le score nutritionnel, une fois personnalisé, pourra alors devenir défavorable pour ces boissons. Plus spécifiquement sur les surgelés, après avoir scanné un échantillon de produits, nous avons relevé dans plusieurs cas des résultats très contrastés entre la note du Nutri-Score et celle délivrée par l’appli, parfois à l’avantage de la référence ou inversement (et surtout en fonction de l’âge sélectionné dans le profil).

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Ce nouveau score personnalisé de 0 à 100 est identifiable via à un pictogramme de cinq couleurs en scannant les produits avec l’appli.

Le Nutri perso est à ce jour déployé sur environ 400 000 produits alimentaires, soit un peu moins de la moitié de la base de produits reconnus par l’application (pour l’autre moitié, seul le Nutri-Score apparaît). A noter que le Nutri Perso peut également être intégré nativement par les sites ou les applications de courses en ligne.

Sachant qu’en parallèle, peuvent toujours se greffer les scores des autres critères (sociaux, environnementaux et de santé…) suivis par l’appli qui seront retenus par l’utilisateur. Christophe Hurbin précise que l’application totalise environ 60 000 téléchargements depuis son lancement. C’est encore faible, en comparaison avec un mastodonte comme Yuka, mais l’approche nutritionnelle personnalisée pourrait bien donner un sérieux coup de boost à l’application. Du moins a-t-elle le mérite de faire la chasse aux idées reçues en matière de perception nutritionnelle des produits, en tenant davantage compte des portions plus réellement consommées. 

(*) : éditeur du magazine 60 millions de consommateurs et producteur des émissions ConsoMag.

(**) : Crédoc carnets alimentaires - étude Comportements et Consommations Alimentaires en France (CCAF) 2019. L’enquête CCAF mesure tous les 3 ans depuis 1999 les consommations alimentaires réelles des Français, par groupe et marque de produits, selon le profil de consommateurs.

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L'appli conso a obtenu le label GreenTech Innovation, délivré par le ministère de la Transition écologique et remporté en 2020 le trophée de la Transition Alimentaire de la Foodtech.

Santé, environnement et social : les trois volets couverts par l’appli myLabel

Les 21 critères pris en compte par l’appli sont répartis entre le volet environnement (biodiversité, origine locale et impact carbone, déchets, déforestation, huile de palme, pollution, utilisation des ressources naturelles), le volet santé (additifs, degré de transformation, OGM, pesticides et contaminants alimentaires) et enfin le volet social (appropriation des ressources, conditions de travail, gouvernance et transparence, travail des enfants et travail forcé, discrimination et inégalité, juste rémunération des agriculteurs, bien-être animal.