Entre des signaux positifs de reprise et des arbitrages de consommation en RHD, comment appréhender la rentrée 2024 dans la RHD ? Le GECO Food Service, l’association dédiée à 100 % aux marchés complexes du Food Service, qui regroupe des entreprises fournisseurs des marchés de la Restauration Hors Domicile en produits alimentaires et non alimentaires (équipements, services et produits d’hygiène) a souhaité prendre le pouls du marché pour fournir à ses adhérents des informations pouvant leur permettre d’affiner leurs stratégies marketing.
Une RHD trop chère… et une fréquentation en berne
Devant la presse, Frédérique Lehoux, Directrice générale et Michel Sanson, Président du GECO Food Service, ont déroulé leur synthèse en deux temps. D’abord en commentant des indicateurs économiques (1) plutôt positifs - un taux de chômage stable (7.6 %), un indice de confiance plutôt élevé (89), une hausse du moral des ménages notamment en août, un ralentissement de l’inflation (+2.7 %), et une augmentation du PIB (+0.8 %) - mais en prévenant aussi : « il existe, néanmoins, une perception plus maussade. 92% (2) des Français trouvent que leur pouvoir d’achat a baissé ces 12 derniers mois et 59% (3) des sondés déclarent que les prix dans les restaurants ont trop augmenté pour eux ».
Même si les dépenses RHD ont presque retrouvé le niveau du premier semestre 2019 (27.8 Mds €) VS premier semestre 2024 (27.7 Mds €), la fréquentation est quant à elle en recul de 9.2 % entre le premier semestre 2019 (5.1 Mds de visites) VS premier semestre 2024 (4.6 Mds de visites) (4).
« On voit que la fréquentation en RHD reste partagée entre des opportunités, d’une part, comme le ralentissement de l’inflation (+2,5 % vs +5 % sur 2 dernières années) (5), un mois de mai qui a été boosté par la flamme olympique et les ponts successifs, ou encore l’euro de football en juin, et des freins, d’autre part, comme les traces des habitudes de consommation liées à l’inflation, une météo pluvieuse et un effet JO très mitigé » analyse la directrice générale.
Avec un tourisme plus populaire qui a consommé différemment, les zones de sécurité (6) en amont de la cérémonie d’ouverture, les ambiances porteuses sur les sites olympiques, il a été observé une disparité entre les différents circuits de restauration au profit des établissements autour des sites, des food-trucks et de la restauration en kiosque.
Des sensibilités aux critères d’achats nuancées selon les segments
Dans un 2e temps, le GECO a livré une partie des résultats d’une étude conduite pour ses membres par le cabinet Shenkuo, Laurent Fihey, avec le concours de Nicolas Nouchi du Cabinet Strateg’eat, sur le Ranking des critères d’achats en restauration commerciale, collective et boulangère.
L’étude avait pour objectif de comprendre les critères d’achat des opérateurs Hors Domicile : restauration commerciale ; restauration collective ; boulangerie-pâtisserie, pour permettre aux adhérents du GECO, fournisseurs des marchés de la CHD, d’identifier les besoins liés à la typologie de restauration et aux processus de décisions des acheteurs.
Il en ressort qu’il existe des sensibilités aux critères d’achats nuancées selon les segments, la restauration commerciale faisant ses choix en tenant compte des caractéristiques produit et des facilités d’utilisation, la boulangerie-pâtisserie et la restauration collective s’orientant quant à elles principalement vers le prix. Et si le prix est une priorité pour les opérateurs, il n’est cependant pas toujours maîtrisé en raison des difficultés induites par l’inflation ou l’identification d’un juste prix pour tous les produits. 20 % des opérateurs sont incapables d’évaluer le juste prix de leurs produits (tout ou partie). Reste qu’1/3 des opérateurs, tous segments confondus, ne placent pas le prix en tête de leurs critères d’achats. Ils souhaitent avant tout de l’innovation avec des conseils, des prix attractifs avec des promotions, une relation commerciale de confiance et accompagnante et surtout une haute valeur ajoutée de services (régularité, assortiment, disponibilité, respect livraison, réactivité).
REP emballages : toujours dans le flou
Enfin, dans le cadre des REP emballage (lire encadré ci-dessous), Michel Sanson, Président du GECO Food Service a rappelé que son association a été la première à tirer la sonnette d’alarme avant l’été, pour partager son mécontentement face au manque de visibilité de ces nouvelles Responsabilités Élargies du Producteur vis-à-vis des entreprises du secteur, en particulier dans l’alimentaire. Depuis le 1er janvier 2024, est entrée en vigueur la REP Emballages Restauration appliquée aux professionnels du secteur de la restauration, alors même que l’éco-organisme dédié, Citeo Pro, n’a obtenu l’agrément que le 11 mars 2024 (JO le 14 mars). Depuis, les entreprises, professionnels des marchés de la Consommation Hors Domicile, sont dans le flou et restent notamment dans l’attente des tarifs impactant les engagements actuels pour répondre à des appels d’offres, et la construction de leurs propres tarifs.
Ainsi, les fournisseurs de la restauration doivent d'une part gérer l'impact financier lié aux petits emballages mixtes alimentaires, qui représenteraient environ 80 % des emballages utilisés dans la restauration selon Citeo et l'Ademe ( en s'appuyant sur des études menées en 2021, alors sur un marché de la restauration complètement chamboulé par la pandémie...), et donc qui, en matière de contribution, relèvent de la REP des emballages ménagers . D'autre part, gérer celui des 20 % restants, correspondant aux emballages de plus grand format en termes de poids et qui, eux, relèvent de la REP Emballages Restauration. Le tout sans avoir la moindre visibilité à l'avance sur l'évolution de la tarification sur ces deux typologies d'emballages pour l'année suivante.
Michel Sanson a rappelé que : « le système actuel n’est pas adapté à nos entreprises fournisseurs du food service sur des marchés professionnels. L’anticipation est au cœur de notre métier dans le cadre de la contractualisation avec les acteurs professionnels : distributeurs ou opérateurs de restaurations, privés ou publics. Parce que l’effort financier demandé à nos entreprises est conséquent, les prix seront inévitablement impactés et sources de discussions entre fournisseurs et acheteurs. Nous resterons vigilants dans les semaines à venir ».
(1) Source : Banque de France - (2) Source : Étude Havas commerce Fev.2024 - (3) Source : CIRCANA Food Service Sentiment Study W12 may 2024 - (4) Source : CREST - (5) Source : CIRCANA - (6) Entre le 14 et 26 juillet : les établissements parisiens ont perdu 20 à 30 % de leur CA, voir 70 % dans certains cas. Source : CIRCANA
Restauration : les obligations en lien avec la nouvelle filière REP emballages
La loi Agec et la loi climat et résilience fixent de nouvelles obligations aux entreprises qui commercialisent des produits consommés ou utilisés par les professionnels de la restauration. Elles leur imposent de contribuer financièrement aux dispositifs de la collecte, du réemploi, et du recyclage des déchets issus de leurs emballages. Cette nouvelle filière REP des emballages de la restauration est entrée en vigueur depuis le 1er janvier 2024.
Deux textes de loi encadrent cette nouvelle filière REP : le décret d’application n° 2023-162 du 7 mars 2023 qui définit les grands principes de la REP et l’arrêté du 20 juillet 2023 qui fixe précisément les règles permettant d’identifier les emballages qui relèvent de la REP, en fonction du volume ou du poids du produit alimentaire emballé.
La loi définit le professionnel de la restauration comme une personne ayant une activité professionnelle principale ou secondaire de restauration. Elle concerne donc tout type de restauration, en intérieur ou en extérieur, sur place ou à emporter, individuelle ou collective comme les restaurants, les cantines scolaires ou d’entreprise, les hôtels, les stations-service ou encore les fast-foods.
Quels sont les emballages concernés ?
Seuls les emballages primaires de produits alimentaires spécifiquement utilisés en restauration sont concernés par cette nouvelle REP. On peut parler de « REP au format » car c’est le poids ou le volume du produit qui va définir s’il relève de la REP Emballages de la restauration. Si le format du produit emballé est supérieur aux valeurs de la liste des produits présentés dans l’annexe de l’arrêté du 20 juillet 2023, l’emballage appartient au périmètre de la REP Emballages de la restauration. Sinon, on parle d’emballages mixtes alimentaires et ces emballages, hors du périmètre de la REP Emballages de restauration, rejoignent la REP des emballages ménagers.