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Xerfi a sorti une étude sur les perspectives qu’affiche le marché du snacking en France et pour les deux prochaines années. Petit éclairage instructif, avec les commentaires de Matteo Neri, auteur de l’étude.

Estimé par Xerfi dans sa dernière étude à plus de 17,4 milliards d’euros sur l’année 2022*, le marché du snacking n’en finit plus de faire des émules. Il faut dire que tout ou presque, plaide en faveur de son développement : une consommation alimentaire qui ne cesse de se « nomadiser », des foyers de plus en plus réduits (une famille sur quatre est aujourd’hui monoparentale), avec en toile de fond une déstructuration accélérée des prises alimentaires dans la journée, alors que le temps consacré aux repas fond comme neige au soleil. Et les circuits du hors domicile ne sont pas les seuls à profiter de cette révolution alimentaire, la grande distribution s’appropriant, selon l’analyste, près des trois quarts de ce gros gâteau. « Pour autant, les marques de snacking vont devoir s’adapter au nouveau contexte économique », souligne Matteo Neri et d’ajouter qu’« elles ne pourront plus en effet compter sur la flambée des prix (+20 % en moyenne sur deux ans) pour restaurer leurs marges. Et l’inflation dans l’alimentaire, qui avait poussé les consommateurs à s’orienter vers des solutions repas moins coûteuses, comme les sandwichs, salades repas et plats préparés individuels, sera moins prégnante ». Dans ces conditions, l’analyste estime que le marché du snacking devrait voir son rythme de progression ralentir. Segment phare du marché avec des ventes proches de 10 milliards en 2023 en GMS, les goûters et en-cas céderont du terrain d’ici 2025 pour s’établir à environ 9,3 milliards d’euros, pronostique Xerfi. De son côté, la croissance des apéritifs (plus de 3 milliards en GMS) devrait rester modérée grâce aux nouvelles références vendues plus cher. En revanche, toute l’offre en lien avec Les solutions repas devrait bénéficier d’un environnement porteur pour dépasser 1,3 milliard à l’horizon 2025 après avoir déjà connu des ventes records en 2022 et 2023 en grandes surfaces. Dans ces conditions, les majors du secteur ont commencé à repenser leurs stratégies ou à revoir leur positionnement. Parallèlement, les marques sont en recherche de nouveaux points de contact avec le consommateur.

Cap sur les circuits alternatifs…

Reste aussi à mieux toucher les consommateurs alors que les produits de snacking sont surtout avalés hors domicile. Donc rien d’étonnant à voir les stations-service, distributeurs automatiques, hôtels, discothèques ou zones de transit de plus en plus investis par les grands industriels du marché du snacking, comme Ferrero, Mondelez ou Mars mais aussi Sodebo et Daunat, pour commercialiser leurs snacks. « Le but est bel et bien de recruter de nouveaux consommateurs tant l’accessibilité de l’offre est un enjeu stratégique pour les marques ». Car au-delà des GSA, les circuits de distribution alternatifs génèrent en effet plus de 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires avec les snacks.

Certains ont même choisi les bureaux de tabac comme circuit alternatif pour séduire les étudiants et les ouvriers au moment de la pause déjeuner, avec des succès pas toujours au rendez-vous aux dires de l’expert. Par exemple, la vitrine réfrigérée de Sodebo, avec une dizaine de références de sandwichs ou Pasta Box installée dans une cinquantaine de bureaux de tabac, est toujours en phase de test.

Le leader de la pause déjeuner a aussi décidé d’aller chercher les consommateurs sur leur lieu de travail grâce à la technologie des frigos connectés dans plus de 50 entreprises. En surgelé, Picard se distingue également sur ce créneau avec son concept de Snack-Bar, et on a pu voir émerger cette année plusieurs solutions en armoires et meubles en froid négatif connectés, pour courtiser ce marché de la pause déjeuner en entreprise, qui représente tout de même plus de trois milliards de repas chaque année. Sauf que les industriels se heurtent à la concurrence des acteurs historiques tels que Foodles, Melchior ou Foodchéri. D’autres encore ont voulu tenter l’aventure en GMS à l’aide de kiosques dédiés. « Mais à l’exception de LDC qui a relancé l’offensive en prenant le contrôle d’Asia General Food (avec sa franchise Sushi Master), les autres groupes agroalimentaires ont fini par jeter l’éponge. »

Les distributeurs jouent les restaurateurs

Si la tentation de la restauration ne date pas d’hier pour les distributeurs, les grandes enseignes ont mis les bouchées doubles ces dernières années pour reconquérir le terrain perdu face aux offensives de la RHF (restaurants, boulangeries…) qui, avec le développement des services de livraison (Deliveroo, Uber Eats…), est parvenue à casser les barrières entre domicile et hors domicile. C’est ainsi qu’ont fleuri les espaces de restauration dans les magasins (tables, chaises, micro-ondes…). « D’autres distributeurs ont créé des enseignes dédiées à la pause déjeuner (Dailymonop’, Carrefour Bon App !), voire de véritables restaurants (Carrefour Bon Appétit). Des initiatives qui rencontrent pour l’instant un succès mitigé » commente l’analyste qui évoque une autre voie de développement avec la multiplication des kiosques en concession dans les hypermarchés. Ces stands exploités par des sociétés tierces (comme par exemple Hana Group, Kelly Deli ou encore Kimoco et Sky Kitchen) ont envahi les trois quarts des hypermarchés Carrefour et sont désormais installés dans les formats de proximité (à l’image des salad bars Picadeli de Greenfood présents dans de nombreux Franprix). « Pour l’heure, ce modèle serait le plus susceptible de générer du trafic supplémentaire en magasin et d’améliorer l’image qualité des distributeurs », conclut Matteo Neri.

La rédaction en collaboration avec Xerfi

(*) : « Le marché du snacking à l’horizon 2025 - Nouvelle concurrence et circuits de distribution, essor du mieux-manger : quelles stratégies et perspectives pour les marques et distributeurs ?  » Pour en savoir plus sur l’étude ou la commander : xerfi.com