Dans un contexte inflationniste qui n’aide pas, la part du bio dans le Grand Froid reste en dessous des 3 %, recalant l’offre dans son statut de niche, exception faite des légumes et des herbes.

Malgré son retard de développement sur les autres catégories des PGC, le bio surgelé n’échappe pas, lui non plus au sérieux coup de frein ressenti sur les ventes de produits bio dans leur ensemble. Un constat sans appel, qui nous rappelle à la réalité d’un marché de l’alimentaire impacté par les pénuries et l’inflation grandissante. Selon le panel distributeur d’IRI, les ventes de surgelés salé bio affichent sur un an une baisse qui avoisinait déjà les 5 % début mai, en chiffre d’affaires comme en volume des ventes. Le coup de mou est d’autant plus net que la part du bio accuse toujours, sur le rayon surgelé, un profond retard. Elle reste ici en dessous des 3 % du CA total du rayon, quand la moyenne PGC gravite autour des 5 %, soit deux fois plus. Le bio conserve donc un statut de niche sur le grand froid, servie par une offre qui a d’ailleurs tendance à se resserrer sur les fondamentaux, que ce soit à marque nationale comme en marque distributeur. De même la place acquise par le segment bio est aujourd’hui chahutée par d’autres labels et signes de qualité. « Le potentiel reste pour autant intéressant sur ce marché, en dépit du ralentissement que l’on constate. Et l’on sait qu’en la matière, c’est souvent l’offre qui fait la croissance ! », tempère un fabricant.

La barrière persistante du prix

Reste que le profil des acheteurs au rayon surgelé est plutôt CSP moyen, familial. « Un consommateur qui est particulièrement sensible au prix et pas toujours prêt à payer l’écart de PVC entre bio et conventionnel », rappelle un professionnel. Un autre d’ajouter que sur les offres en produits élaborées, le PVC est beaucoup trop élevé que sur les légumes bruts par rapport au non bio. Des critiques qui certes ne datent pas d’hier, mais qui prennent encore plus de sens dans le contexte inflationniste actuel. On notera tout de même que les légumes surgelés bio font encore figure de belle exception, avec une part de marché qui atteint 10 % du CA des ventes et 7 % des volumes de l’ensemble de la catégorie, preuve manifeste de la légitimité de cette offre. C’est en revanche plus compliqué sur les autres catégories pour lesquelles le bio laissait encore augurer de belles perspectives de croissance.

Enfin côté circuits, si les spécialistes et la proximité font, sans surprise, mieux sur le bio, en raison du profil de leur clientèle, mention spéciale à la dynamique du bio en circuit drive. Preuve qu’à visibilité égale avec l’offre conventionnelle, via l’écran de commande, le bio fait mieux qu’en magasin. Pour autant, même ce circuit connaît un tassement de ses ventes de surgelé bio.

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Nouveau sur le bio

Parmi les rares initiatives de marques cette année, on notera que Sole Mio complète son offre en pizzas bio au feu de bois d’une douzième recette à l’accent régional, mêlant des noix du Dauphiné au Bleu d’Auvergne (410 g). De son côté, le spécialiste de la Baby Food Yooji a lancé des bâtonnets bio à manger à la main, combinant légumes et féculents. Une gamme inspirée de la pédagogie Montessori et des principes d’alimentation autonome, déclinée en quatre références (3,55 € les 225 g). Cette fois en circuits bio, Nature et Cie propose des Pommes duchesse combinant patate douce et piment d’Espelette, en sachet de 400 g (PVC : 5,95).

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La GMS concentre 50 % du marché bio, les spécialistes bio 27 %

Après une hausse significative bio en 2020, au sortir du confinement, la consommation de produits a conservé en 2021 une part de marché de 6,6 % dans les courses alimentaires des Français. Elle n’est en revanche pas épargnée par le contexte économique et alimentaire bouleversé depuis ces derniers mois. En grandes surfaces, selon NielsenIQ, le nombre moyen de références bio par magasin a baissé de 5 %. L’Agence Bio relève dans son dernier rapport que la multiplicité des circuits de distribution permet toutefois à la production biologique de tirer son épingle du jeu : la part de la grande distribution représente 50 % , soit la moitié du marché aux côtés de la distribution spécialisée (27 %), des artisans commerçants (7 %) la vente en direct (11 %) et de la restauration (5 %).

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