Focus sur l’étude publiée par France Agrimer pour réévaluer l’impact du végétarisme et des différents régimes alimentaires associés, sur le comportement alimentaire des Français en 2020.  

Si le phénomène végétarien n’est pas nouveau, il a gagné en visibilité et en complexité au cours des dernières années. Dans ce contexte, France AgriMer a confié à l’Ifop la réalisation d’une étude* pour réévaluer l’impact des pratiques en lien avec le végétarisme et le flexitarisme sur les filières animales et végétales. Avant tout, le rapport souligne que l’attachement des Français à la viande reste fort. 89 % d’entre eux déclarent aimer la viande, 79 % pensent qu’en manger est nécessaire pour être en bonne santé, 63 % estiment que le repas est plus convivial avec de la viande et 90 % considèrent que manger de la viande est compatible avec le respect du bien-être animal. Toutefois, 68 % des répondants pensent qu’on consomme trop de viande en France, 60 % estiment que le poisson est plus sain que la viande et 56 % que la production de viande a un impact négatif sur l’environnement. Si bien que seule la moitié des Français considère désormais que les débats autour du bien-être animal sont exagérés, ou que le végétarisme ou le véganisme sont des modes qui passeront.

Le régime sans viande encore marginal

Toujours selon le rapport, seuls 2,2 % des Français interrogés déclarent avoir adopté un régime sans viande (qu’il soit de type pescetarien, végétarien ou végan). En parallèle, 24 % limitent volontairement leur consommation de viande et se classent parmi les flexitariens. Enfin, les 74 % restants se définissent comme omnivores. Les pratiques alimentaires sont toutefois hétérogènes au sein de ces trois groupes. Ainsi, certains omnivores déclarent réduire leur consommation de viande sans pour autant se considérer comme flexitariens (certains consomment de la viande tous les jours et d’autres de façon beaucoup plus occasionnelle). Enfin, près de la moitié des personnes ayant adopté des régimes sans viande admet faire des écarts et consommer occasionnellement de la viande.

Quels profils de végétariens et flexitariens ?

Les adeptes des régimes sans viande comme les flexitariens affichent un profil résolument féminin, urbain et appartenant aux catégories socio-professionnelles supérieures, diplômées au-delà du secondaire. La composition du foyer joue également un rôle important : les célibataires sont surreprésentés parmi les végétariens, pescetariens et végans et dans une moindre mesure, parmi les flexitariens. De même, les régimes excluant ou limitant la viande sont plus fréquents dans les foyers sans enfants de moins de 15 ans. La difficulté de concilier ses pratiques alimentaires avec les goûts et besoins des autres membres du foyer peut en effet constituer un frein à l’adoption d’un régime restrictif. On notera aussi le profil jeune des personnes ayant adopté un régime sans viande, et à l’inverse plus âgé que la moyenne des Français de ceux qui limitent leur consommation de viande.

Les motivations diffèrent d’un régime à l’autre

Par ailleurs, les motivations évoquées pour limiter ou exclure la viande et autres protéines animales varient selon le type de régime adopté. Les végétariens, végans et pescetariens se soucient avant tout du bien-être animal. Si cette raison est également citée par les flexitariens, leur première motivation est la santé, préoccupation partagée par 50 % des omnivores qui limitent leur consommation de viande sans se considérer flexitariens. Le prix trop élevé de la viande est également fréquemment évoqué par ceux qui décident d’en réduire la consommation L’impact environnemental de la production de viande est également évoqué par l’ensemble des cibles, sans qu’il soit un critère différenciant.

À noter que plus des trois quarts des végétariens, pescetariens et végans déclarent au moins une difficulté pour suivre leur régime alimentaire, notamment en ce qui concerne l’accès à l’offre (en magasin ou en restaurant) et les relations sociales (repas partagés). Les personnes limitant la viande pointent davantage le sentiment de privation, mais surtout les difficultés liées au nouveau savoir-faire à acquérir pour remplacer les protéines animales.

 Par ailleurs, si les nouveaux produits végétariens/végétaux sont déjà connus par la grande majorité des Français, ils sont consommés avant tout par les personnes excluant la viande de leur régime alimentaire. En revanche, les flexitariens présentent encore une appétence très modérée pour ces produits (seuls 2 sur 5 les consommeraient). Ces substituts sont perçus surtout comme faciles à cuisiner mais chers. Les réticences des non consommateurs portent notamment sur le goût (chez les omnivores) ou sur le degré de transformation et l’impact environnemental de ces produits.

Pas de retour en arrière

La plupart des répondants (soit 85 %) n’envisage pas de changer de régime. Mais ceux qui excluent ou limitent déjà la consommation de viande, sont plus nombreux à vouloir aller plus loin, notamment chez les jeunes : 18 % des flexitariens et 25 % des personnes ayant déjà un régime sans viande souhaitent adopter un régime plus restrictif, contre 12 % des omnivores. Les retours en arrière sont rares à l’inverse : seul 1 % de la population l’envisage (2 % des flexitariens et 7 % des régimes sans viande).

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Photo Dawn Foods

(*) étude réalisée à partir d’un échantillon représentatif de la population française : 15 000 personnes âgées de 15 à 70 ans ont ainsi été interrogées en 2020. Les résultats de cette enquête ont été dévoilés en mai 2021 dans le cadre de la Semaine de l’agriculture française.

(**) : Le pesco-végétarisme ou pescétarisme est une pratique alimentaire consistant à s'abstenir de consommer de la viande, mais à consommer la chair issue des poissons, des crustacés et des mollusques aquatiques.