Une récente étude d’Arcane Research met en évidence le développement du néovégétarisme* principalement chez les jeunes, et la digitalisation des modes de consommation et de communication autour de l'alimentation.

Les Français et l’alimentation : un rapport qui évolue en profondeur

En 2018, Arcane Research avait publié une première étude sur le rapport qu’entretiennent les Français avec leur alimentation et leurs achats alimentaires dans leur quotidien. Or ce rapport a encore profondément évolué ces 20 derniers mois, sous l’effet de la pandémie de Covid et des périodes de confinement associées. Avec en toile de fond une accélération de certaines tendances jusqu’alors sous-jacentes. Dans cette nouvelle édition, les informations recueillies sont à chaque fois mises en perspectives par tranches d’âges, avec un focus tout particulier sur les 18-34 ans, dont font partie ces fameux millénials, avec des attentes pas toujours évidentes à identifier et parfois contradictoires. « Si un grand nombre d’études a été réalisé en effet sur cette population, peu d’entre elles abordent en détail le domaine particulier de l’alimentation et des achats alimentaires », explique Coline Le Bihan, coordinatrice de cette étude, dont la lecture nous confirme à quel point les pratiques alimentaires des 18-34 ans divergent de celles de leurs aînés. Même s’ils sont eux aussi en attente de produits naturels, sains, locaux, les dimensions financières et plaisir restent des paramètres clés dans leurs choix de produits alimentaires. Avant tout, un peu plus d’un tiers des Français déclare ne pas avoir le temps de cuisiner tous les jours surtout en semaine, un quart ne déjeune pas correctement le midi, et un peu plus de 1 sur 10 n’a même pas le temps de faire les courses. En cause, le rythme de vie, déclaré effectivement plus intense pour les 18-34 ans, impactant davantage les pratiques alimentaires et in fine, de faire les courses et choisir tranquillement leurs produits alimentaires.

Des Français moins méfiants à l’égard de la sécurité alimentaire

En parallèle, si une très large majorité de Français se déclare toujours préoccupée par la qualité (74 %) et la sécurité des produits alimentaires (71 %) qu’ils consomment, ces critères sont légèrement en baisse par rapport à 2018 (– 3 points pour la qualité et – 2 points et la sécurité alimentaire). Mais cette préoccupation moindre est surtout imputable aux 18-24 ans (les critères de la qualité et de la sécurité reculant respectivement de 6 et 5 points dans cette tranche d’âge), alors qu’elle reste quasi stable chez les plus de 35 ans. Les principaux motifs de préoccupation concernant la sécurité alimentaire sont la crainte des additifs (et notamment pour les + de 60 ans), suivie des craintes liées aux scandales alimentaires (qui est le premier motif cité chez les 18-34 ans). Mais là encore, tous les motifs de préoccupation sont en repli par rapport à 2018, traduisant globalement un regain de confiance dans le modèle (agro)alimentaire français. Fait marquant, la confiance dans les magasins où on achète ses produits, devient le premier motif de réassurance évoqué par les sondés (47 %, soit 7 points de plus qu’en 2018). Encore plus surprenant, moins de Français qu’en 2018 déclarent privilégier davantage qu’avant les produits de saison et locaux, lire les étiquettes sur les emballages, les labels qualité et bio.

Les néovégétariens plus nombreux chez les 18-34 ans

Côté régimes alimentaires, l’étude met en évidence une part de néovégétariens** supérieure auprès des 18-34 ans qui sont près de la moitié à déclarer adopter ce mode d’alimentation, en forte progression vs 2018. Tandis que la part de flexitariens est plus importante chez les plus de 60 ans, celle des végétariens, végétaliens et végans décroît avec l’âge. On observe également une consommation supérieure et plus régulière de superaliments auprès des 18-34 ans. Et plus nombreux sont dans cette tranche d’âge les sondés déclarant suivre un régime alimentaire : plus de 4 sur 10 sont concernés, privilégiant le Bio, mais également pour les plus jeunes une faible teneur en sel, réduit en calories, et riche en protéines. Inversement, c’est aussi la tranche d’âge qui consomme plus souvent que ses aînés tous types d’aliments gras, salé et sucré, mais moins fréquemment de l’alcool.

Déstructuration du repas

Sans surprise, la combinaison « plat + dessert » est la formule de repas la plus courante pour soi-même ou son foyer, quel que soit l’âge. Ensuite, les plus jeunes privilégient le plat unique alors que les plus âgés vont davantage vers un repas avec entrée + plat + dessert. Bien qu’ils soient minoritaires, les plats industriels tout prêts sont plus présents dans l’alimentation des 18-34 ans (6 points gagnés en 3 ans) que dans celle des + de 60 ans. Tout comme les 18-34 ans sont deux fois plus nombreux qu’auparavant à déclarer consommer majoritairement des plats préparés par les restaurants (sur place à emporter ou livrés au domicile comme au bureau). Plus précisément, ce sont notamment les 18-24 ans, qui ont eu la plus forte évolution de consommation de repas hors du domicile au cours des 12 derniers mois : près de 4 sur 10 déclarent y recourir davantage qu’auparavant. Enfin, la consommation d’en-cas concerne trois quarts des Français, et elle diminue avec l’âge. La pause goûter de 16 heures est la plus répandue, pour tous, mais les 18-34 ans prenant des en-cas sont également 4 sur 10 à en prendre dans la matinée.

Des pratiques d’achats alimentaires qui évoluent

La moitié des Français juge « intéressantes » les applications alimentaires : 55 % des Français pour celles qui scannent les produits alimentaires pour informer sur leur composition, 46 % pour celles informant sur les allergènes. Ce sont les 18-24 ans qui les plus enclins à utiliser ces ressources, même si cette part a tendance à se tasser par rapport à 2018. En revanche, l’utilisation des applications sur smartphone pendant les courses a beaucoup augmenté en 3 ans : plus d’un tiers des Français les utilisent en faisant leurs courses, et cette proportion est encore plus forte chez les 18-34 ans qui sont plus de la moitié à y avoir recours, Yuka restant l’application dominante. Mais l’attrait pour le Nutriscore (et Nutricolor) a augmenté en 3 ans. Près des trois quarts des Français y trouvent un intérêt (contre 64 % en 2018) et les 18-34 ans sont les plus intéressés par ce type d’indicateur (77 % soit 10 points gagnés en trois ans). Enfin, près de la moitié des Français a eu recours au Drive au cours des 12 derniers mois, un tiers à la livraison à domicile et moins de 2 sur 10 aux box cuisine. Autant d’observations à approfondir et d’autres à découvrir dans ce vaste rapport de 150 pages.

(*)  "Les Français et l’alimentation 2021 : Perception, pratiques et opportunités de développement selon l’âge", focus et typologie sur les 18-34 ans, 2e édition. Étude Réalisée auprès de 3 587 Français âgés de 18 à 75 ans, dont 1 014 18-34 ans. Pour en savoir plus où commander l’étude : arcane-research.comcontact@arcane-research.com

(**) Néovégétarisme regroupe ici : fléxitariens, végétariens, végétaliens ou végans


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