Si les perspectives restent très incertaines pour les prochains mois, la restauration commerciale aura du moins fait le plein pendant cette transition estivale salvatrice. Si les perspectives restent très incertaines pour les prochains mois, la restauration commerciale aura du moins fait le plein pendant cette transition estivale salvatrice.
Après une saison touristique historique qui a pleinement profité à la consommation sur place et aux bars et cafés, les prochains mois s’annoncent tendus pour la restauration. Nouvelle analyse délivrée par Food Service Vision.

Dans sa dernière Revue Stratégique *, Food Service Vision a établi un bilan des performances du marché de la restauration en France pour la période estivale. Il en ressort que depuis mai 2022, le chiffre d’affaires de la restauration a enfin évolué en positif par rapport à l’avant Covid, avec même un pic atteint sur le mois d’août, de + 9 % par rapport à la même période en 2019. Sur une période plus élargie couvrant de juin à août, les gains sont clairement positifs, avec une hausse d’environ 8 % du chiffre d'affaires en comparaison avec 2019. Mieux encore, si on cumule les résultats engendrés depuis le début de l’année, la restauration va jusqu’à retrouver son niveau de chiffre d’affaires d’avant crise Covid. Bien entendu cette évolution, d’une ampleur inattendue voici encore quelques mois, est déjà due à la saison estivale hors norme qu’a connu le secteur de la restauration commerciale, sur fond de canicules en série. Sur ce seul secteur, Food Service Vision indique une croissance du CA supérieure à 12 % sur la période juin août (vs 2019). On notera en parallèle que la restauration collective se rapproche très progressivement de son niveau de 2019.  

L’inflation en toile de fond

Pour autant, l’inflation a aussi pesé lourd dans la balance pour ces résultats, même si le rythme de hausse des prix a légèrement ralenti en août (5,8 % contre 6,1 % en juillet selon le cabinet spécialisé en CHD). D’autant que rien malheureusement ne laisse augurer une inversion de tendance dans les mois à venir, hormis la situation empirer.  Les tarifs généraux des distributeurs affichent selon FSV d’une hausse moyenne de 15 % au troisième trimestre 2022 (contre 14 % au deuxième trimestre). Et la hausse flirte même avec les 20 % sur le seul créneau du surgelé (avec en haut du panier, les découpes de poisson surgelé dont le prix grimpe de plus de 24 %). « Ces augmentations ne sont encore que partiellement répercutées chez les consommateurs mais la hausse des prix des cartes se confirme clairement face à l’enjeu de rentabilité des établissements », explique François Blouin, CEO de Food Service Vision.

D’autant qu’il faut s’attendre à une tiédeur croissante des Français à dépenser en hors domicile dans les prochains mois. Selon FSV, près d’un Français interrogé sur trois déclarait en août son intention de réduire la voilure côté dépenses au restaurant dans les semaines à venir (contre 1 sur 4 en mai). Une perspective de repli des dépenses alors même que les acteurs de la restauration font face à une envolée historique des charges (hausse des coûts de l’énergie et des salaires, pénurie sur certains produits, déficit chronique de personnel), sans oublier les dispositions de la loi AGEC qui viennent rajouter une couche supplémentaire et donc réduire d’autant les marges. « Pour autant, nous estimons que le dernier trimestre 2022 devrait rester à des niveaux solides par rapport à 2019 grâce à la vigueur de l’emploi, des flux B2B, du tourisme international et de la comparaison favorable avec une année 2019 impactée par la crise des Gilets Jaunes et les grèves », évoque François Blouin. Si bien qu’en synthèse de sa prévision, Food Service Vision table pour 2022, sur une progression de 3 % du chiffre d’affaires du marché CHD dans son ensemble par rapport à 2019.

(*) : 12e édition de la Revue stratégique, couvrant la période juin-août 2022  – Food Service Vision

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